Pierre Pagney

Pierre Pagney (1919-2017)

Le dernier des trois fondateurs de la climatologie géographique en France (les trois Pierre : Pédelaborde, Péguy, Pagney) vient de nous quitter. Il a participé activement à l’essor de la géographie universitaire française et il a porté haut, en Sorbonne, la géoclimatologie.

Sa carrière s’accomplit surtout à Dijon. Trois ans après avoir soutenu sa thèse sur le climat des Antilles (1966), il y fonda le centre de recherches de climatologie tropicale (CRCT). À l’origine simple pièce au troisième étage de l’ancienne faculté des Lettres de Dijon, 36 rue Chabot Charny, le centre couvre de nos jours toute une aile de la Faculté des sciences sur le campus. En 1969, P. Pagney sut saisir l’opportunité offerte par le CNRS de s’accorder avec son collègue Guy Lasserre pour partager le champ de la recherche en géographie tropicale : à Bordeaux la géographie humaine (CEGET) ; à Dijon la climatologie.

P. Pagney ne cessera ensuite d’y travailler pendant presque un demi-siècle. Son œuvre, articles et ouvrages, est donc considérable. Elle exprime une insatiable curiosité pour les différentes méthodes de la science du climat : climatologie dynamique (celle des types de temps et des masses d’air) ; climatologie satellitaire ; climatologie humaine (climat et santé, climats et sociétés) ; climatologie statistique et diagnostique. Il s’intéressa beaucoup aux changements climatiques et aussi, via les cyclones tropicaux, aux catastrophes climatiques.

Il fut un grand voyageur de par le monde. Il organisa ou présida de nombreux colloques. Il avait du métier, de l’ouverture d’esprit : il savait faire la synthèse. Son Que sais-je ? « La climatologie » (1ère édition 1973, 7ème édition 2000), vendu à plus de 40 000 exemplaires, l’exprime du mieux possible.

Par un abord retenu, il voilait sa foncière bienveillance, sa grande générosité. Ses nombreux élèves, qu’ils soient originaires de France, d’Afrique noire ou d’ailleurs, l’ont tous connu et respecté ainsi en le gratifiant toujours du nom de : Monsieur Pagney. Ils ont tous fait carrière à l’université ou dans des organismes de recherche. Ils sont aujourd’hui retraités (ou disparus) et ont tâché de transmettre ce qu’ils ont appris de lui scientifiquement et aussi moralement.

Fidèle à son expérience militaire, officier supérieur d’état-major, il a beaucoup contribué, dans les dernières années, aux recherches de l’IHEDN (Institut des Hautes Études de la Défense Nationale) et il a publié plusieurs ouvrages sur les relations entre le climat et la guerre. Il était légitimement fier de ce qu’il avait réalisé durant sa vie de travail, que ce soit en activité ou en éméritat ; il appréciait les distinctions, qu’il avait méritées de l’avis unanime.

Surtout il aimait la vie de famille. Avec son épouse, il réunissait, les beaux jours venus, toute la famille dans sa maison de village, au cœur de la Franche-Comté, là où il vécut sa jeunesse, là où il repose.

 

Denis Lamarre et Martine Tabeaud